René Greisch (1929-2000) figure parmi les ingénieurs les plus brillants et les plus inventifs de son temps. Tant par la spécificité des études de génie civil qu’il a menées à bien, par la pertinence de son conseil pour des confrères architectes que par l’intérêt des bâtiments qu’il dessine, il apparaît comme un acteur majeur de l’histoire de la construction contemporaine en Belgique.
Ingénieur civil diplômé de l’Université de Liège, René Greisch poursuit son cursus académique par une formation d’architecte achevée en 1955. C’est en 1959 qu’il fonde son bureau d’études. Pendant plus de 40 ans, il produit une œuvre diversifiée marquée par un souci de perfection technique et formelle. Parmi ses nombreux domaines d’activités, on peut épingler les ouvrages d’art où son savoir-faire acquiert rapidement une visibilité à l’échelle européenne. Dès les études pour le viaduc de Lavoir achevé en 1968, il s’y distingue par une volonté de sortir des habituelles manières de faire. Les ponts bow-string du canal Albert, le viaduc de l’Eau Rouge, les ponts haubanés de Lixhe, de Ben-Ahin et de Wandre ou encore la passerelle Hoge Brug à Maestricht témoignent de la pertinence de ses recherches mais aussi de ses convictions esthétiques profondément marquées par la pensée moderniste. Sa virtuosité confère une réputation internationale au bureau Greisch qui compte aujourd’hui 180 collaborateurs ; on se souviendra que le viaduc de Millau a été calculé à Liège, une réalisation qui porte haut les couleurs de l’ingénierie belge.
L’importance de ces grands travaux de génie civil occulte bien des facettes du personnage, et singulièrement son travail d’architecte. Seul ou en équipe, il conçoit des habitations mais surtout des équipements collectifs comme le bâtiment Trifacultaire de l’Université de Liège, sa nouvelle Faculté des Sciences appliquées, le Hall multifonctionnel de Mons ou encore les installations du bureau Greisch dans le parc scientifique du Sart Tilman qui apparaissent comme un véritable manifeste. Pour beaucoup de confrères architectes parmi lesquels on peut compter Bruno Albert, Roger Bastin, Bob Van Reeth ou Charles Vandenhove, René Greisch est un consultant expert et inventif : la qualité et l’audace des solutions techniques qu’il propose pour le calcul de leurs projets font de lui une référence en la matière.
L’exposition organisée en mai 2015 au Grand Curtius à Liège avait comme fil conducteur l’analyse que l’historien d’art, Pierre Henrion, a développée dans le chapitre Questions de style de la monographie qu’il a consacrée à René Greisch (éd. Prisme, 2014).
Pour sa présentation à Arlon, les thématiques abordées ont été élargies par:
- un volet biographique détaillé;
- un éclairage sur le personnage, son caractère et ses passions;
- des informations sur les aspects techniques de certaines réalisations du bureau Greisch, incluant les grands ouvrages emblématiques exécutés après la disparition de son fondateur.
La scénographie est en outre enrichie par des projections d’images numériques de grand format, par des simulations informatiques documentant les méthodes de constructions les plus spectaculaires et innovantes ainsi que par des plans permettant à chacun d’aborder les aspects techniques du métier d’ingénieur.
Une exposition consacrée à l’ingénieur-architecte René Greisch se tient à la Maison de la Culture d’Arlon. Décédé en 2000, à l’âge de 71 ans, René Greisch a fondé un bureau d’architecte de réputation internationale, à Liège, qui compte aujourd’hui 180 collaborateurs.
L’exposition est accessible à toute la famille, via notamment un carnet de visite spécialement conçu pour les 9-12 ans, et un autre pour les plus grands, autour du thème du pont. Ce n’est pas un hasard comme l’explique Jean-Marie Crémer, qui a travaillé pendant 28 ans avec René Greisch :
« En 1973 alors qu’il faisait essentiellement du bâtiment, il a été contacté par des entreprises pour faire un projet pour le viaduc de Vilvoorde, et c’est son projet tout à fait innovant qui a gagné. Ce fut le début de l’aventure des ponts pour le bureau Greisch, qui continue toujours maintenant, en passant par le célèbre viaduc de Millau. Sa priorité c’était la qualité esthétique des ouvrages, avec une simplicité dans le concept et dans le fonctionnement. Il a reçu le prix Gustave Magnel. »
En pratique
Source: Maison de la Culture d’Arlon
Viaduc multihaubané à 8 travées d’une longueur totale de 2 460 m dans un site où les conditions géographiques et climatiques sont très sévères : encaissement prononcé de la vallée, vents violents de grandes vitesse et turbulence.
La superstructure est entièrement métallique : le tablier avec dalle orthotrope (largeur 28 m, hauteur 4,20 m) et les 7 pylônes (hauteur 90 m). Poids total d’acier : 50 000 tonnes.
La construction par lançage s’est faite à partir des deux rives et constitue un triple record mondial : par travées de 171 m, jusqu’à une hauteur de 280 m (jonction au-dessus du Tarn) et d’un poids de 20 000 tonnes en fin d’opération.
viaduc de Millau, France, mai 2004
architecte : Sir Norman Foster
conception : Michel Virlogeux
études tablier et lançage : bureau Greisch
maître de l’ouvrage : Compagnie Eiffage du Viaduc de Millau
Millau Viaduct, 270 m above Tarn river , may 2004
Greisch, Engineering, Eiffage, Building Owner
www.greisch.com




