Cette exposition s’est élaborée en prenant en compte la double spécificité des lieux: celle d’un ancien site métallurgique dont la particularité est d’être situé en pleine nature, histoire oblige.
Les œuvres sélectionnées ont donc l’ambition de dialoguer avec le passé de l’endroit, de s’inscrire dans son site et dans ses vestiges architecturaux, d’utiliser les cimaises et même les surfaces extérieures de l’Espace René Greisch (structure elle-même métallique), d’entrer si possible en résonance les unes avec les autres. Le pari étant de réaliser une exposition collective sur l’ensemble
du site et non pas une simple juxtaposition d’œuvres.
On pourrait aussi dire que l’ensemble propose un bref aperçu de la sculpture contemporaine, pour peu que l’on puisse qualifier ainsi les œuvres proposées, à l’heure où le décloisonnement des
disciplines est plus que jamais avéré.
En fonction du passé des lieux, le support privilégié de toutes ces œuvres est le métal – fer, fonte, acier, aluminium – travaillé de différentes façons par les artistes invités. Il est ainsi question de
gestes, de torsions, de surfaces, de matières, de reflets, de perforations.
Un des points communs des artistes rassemblés pour cette manifestation serait celui d’une interrogation sur le statut hybride de leurs œuvres, sur les matériaux utilisés et le plus souvent détournés de leur fonction d’origine. C’est en ce sens que l’on peut parler de «sculptures», le matériau de base servant avant tout de support à une recherche nouvelle ou à l’approfondissement d’une démarche déjà initialisée et confirmée ici.
L’autre point commun est celui de l’utilisation du métal; à partir de là, toutes les possibilités sont ouvertes. L’exposition montre la variété de la démarche de chacun des artistes, comme celle des supports et des techniques utilisés. Plaques de métal perforées ou traitées à l’acide, tuyaux parallèles dressés à la verticale, ressorts accumulés ou étirés, rails autoroutiers reconfigurés, fil de fer barbelés utilisés comme jamais, structures aux références biomorphiques ou végétales, il s’agit presque à chaque fois de matériaux bruts retravaillés par les artistes.
Plusieurs œuvres ont été réalisées spécifiquement ou revues spécialement pour l’occasion en tirant justement profit des opportunités offertes par ce lieu à nul autre pareil et du coup particulièrement stimulant y compris avec les contraintes qu’il induit.
Se confronter à une matière ancestrale – dans un site qui l’est tout autant – en renouveler le propos en allant notamment vers une abstraction jouant de la pesanteur et de l’équilibre, reste un des
grands défis de la sculpture contemporaine. C’est ce que cette exposition a pour volonté de rappeler ou d’affirmer au travers de la démarche d’artistes d’horizons et de générations différentes.
Commissaire d’exposition: Bernard Marcelis




