L’ingénieur dans l’industrialisation du Luxembourg
1850-1914
Au Luxembourg, nous aimons nous souvenir de notre histoire. Citons pêle-mêle les châteaux du nord et du centre du pays, les nombreuses et très actives associations d’histoire locale, les commémorations de la Seconde Guerre Mondiale voire les fêtes médiévales de plus en plus nombreuses, le regard vers le passé pour trouver les racines du présent semble être plus populaire que jamais. Dans un pays généralement si consensuel et paisible, il se trouve même régulièrement des polémiques sur des sujets d’histoire, que ce soit sur la forteresse ou l’épineux sujet des hauts fourneaux de Belval.
Ce dernier lieu est un symbole de ce qui est probablement l’épisode le plus étonnant de notre histoire, la révolution industrielle qui a transformé dans la seconde moitié du XIXe siècle un pauvre pays agraire en un centre industriel à renommée mondiale. La mémoire de cette partie de notre histoire est bien vivante, non seulement autour de Belval: Nos livres scolaires accordent plus de place à la découverte de la minette qu’à Jean l’Aveugle. Des musées populaires comme le Musée National des Mines à Rumelange ou le Parc Industriel et Ferroviaire du Fond de Gras nous rappellent le travail souvent pénible des ouvriers et des mineurs et les techniques qu’ils utilisaient. Des personnages connus sont associés à cette époque, notamment Emile Mayrisch, indissociable de l’ARBED qu’il a contribué à former et qui est toujours pour les gens du Sud un synonyme pour usine tout court.
Mais dans tout ce travail de mémoire, il y a une figure qui reste assez discrète. Peu d’attention est accordée au personnage qui occupe l’échelon entre Mayrisch et le mineur, qui a construit et surveillé les usines, le personnage même qui est représenté par l’association dont nous célébrons aujourd’hui l’anniversaire : l’ingénieur. Essayons donc de retracer le rôle que ces hommes – car pour la période d’avant 1914 nous n’avons pas encore trouvé d’ingénieur-femme – ont joué dans le développement économique de notre pays.
Il faut bien le constater : Dans les années 1840 à 1870, ce rôle est bien limité. Alors que le Luxembourg entame sa révolution industrielle, les ingénieurs sont rares, si rares même qu’il est difficile d’avancer ici des chiffres précis. Dans une étude publiée en 1949, Marcel Steffes compte 76 ingénieurs diplômés luxembourgeois sortis des universités, pour toute la période de plus d’un demi-siècle allant de 1833 à 1889. Il faut y ajouter les ingénieurs étrangers qui exercent leur profession au Luxembourg, mais leur nombre n’a pas dû être bien plus impressionnant. Le fait est que, quand en 1872 un premier groupement d’ingénieurs apparaît dans le pays, il compte le nombre modeste de 45 membres.
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