A l’écart des grandes villes et de ce bruit de fond permanent qu’on appelle, pour la commodité des conversations, « la culture », le Centre d’Art contemporain du Luxembourg belge élabore dans son coin – celui-là même dont on devine qu’il n’est pas perdu pour tout le monde – un projet remarquable et exigeant, à l’écoute de la ruralité dans laquelle il s’inscrit avec passion et conviction.
Depuis 2007, ce projet se déploie sur le site de Montauban, implanté en pleine nature à plusieurs kilomètres des villages avoisinants. A travers cette exposition collective intitulée Coins perdus – du nom de la série de polaroïds de l’artiste français Miller Levy qui y sera exposée – j’ai voulu rendre hommage à la singularité de ce lieu et à la qualité du projet artistique qui l’enchante à la belle saison.
Avec comme porte d’entrée – celle que le réel entrouvre sur l’imaginaire – ce thème du « coin perdu », si joliment incarné à mes yeux par le site de Montauban, ce lieu in the middle of nowhere dans la beauté duquel je viens chaque été me rafraîchir la vue et l’esprit, non sans y perdre mes assurances de citadin en matière d’art contemporain – comme l’écrivait le merveilleux Jules Renard : je pars à la campagne me refaire une timidité.
Attention: aussi retiré qu’il soit, un coin perdu reste avant tout un coin : à savoir, un angle de vue précis à partir duquel une vision du monde prend forme.
Tel est le cas des œuvres que j’ai rassemblées sous ce thème : quelle que soit la forme qu’elles empruntent – maquette, dessin, photographie, texte, vidéo – chacune d’entre elles nous en propose une représentation singulière qui fait œuvre d’interprétation du
réel dont elle fouille l’un ou l’autre recoin – et dites-vous bien que les plus perdus d’entre eux ne sont pas forcément ceux que l’on pense.
François de Coninck, commissaire.




