La Biennale d’Architecture de Venise compte parmi les plus prestigieuses manifestations du domaine de l’architecture, de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire, elle investira du 29 août au 25 novembre 2012, les quartiers de l’Arsenale et les pavillons des Giardini, mais aussi la Cité avec des présentations nationales, dont le Pavillon du Luxembourg, installé à la Ca’ del Duca dans le quartier de San Marco.
L’architecte britannique David Chipperfield assure la direction générale de la 13ème édition de la Biennale dont le thème est « Common Ground ».
Pour la cinquième participation du Luxembourg à ce rendez-vous incontournable de l’architecture, la Fondation de l’Architecture et de l’Ingénierie au Luxembourg, commissionnée par le Ministère de la Culture pour organiser la contribution nationale à la Biennale, a confié au collectif formé par les architectes Yi-der Chou, Radim Louda et Philippe Nathan, la réalisation de l’exposition. Intitulée « Futura Bold? Post-City: considering the Luxembourg case » ce projet est ciblé sur la place du Luxembourg dans l’histoire et le futur de l’Europe
Les auteurs :
- Yi-der Chou, architecte, née en 1984 à Taipei, elle vit et travaille à Bruxelles.
- Radim Louda, architecte, né en 1984 à Prague, il vit et travaille à Lubiana.
Philippe Nathan, architecte, né en 1982 à Esch-sur-Alzette, il vit et travaille à Luxembourg.
Introduction
Venise, l’été. Chaleur et foule, comme toujours. Elle, 32 ans, assise à une terrasse, buvant son café matinal. Aujourd’hui, elle prévoit de visiter les pavillons des Giardini. C’est sa quatrième Biennale d’architecture. Comme d’habitude, avant de se livrer à ce voyage culturel, elle aime se déconnecter du microcosme architectural en lisant les journaux dans une rue tranquille proche du Palazzo Grassi. Depuis des mois, les titres ne parlent que de la crise européenne. Aujourd’hui, c’est pareil, mais en plus dramatique : « La fin de l’Europe » s’étale en lettres capitales sur toute la page.
A propos, elle est architecte, allemande. Elle habite à Bruxelles où elle dirige un petit bureau d’architecture avec son petit ami français. Depuis quelque temps, le couple fait face à quelques difficultés. Leur bureau n’a pas le succès escompté, « la faute de la crise », dit-il.
Elle s’ennuie et elle est seule. Elle n’a plus le courage d’aller visiter les Giardini. Trop chaud, trop loin, trop bondé. Elle se rappelle qu’il y a quelques années, un ami avait visité un pavillon situé dans un appartement ancien, près de l’Accademia, elle ne se souvient plus du pays qui présentait l’exposition, mais elle décide de partir à la recherche de cet endroit qu’il avait qualifié de « lieu charmant et paisible ».
Le pavillon du Luxembourg, l’inscription « Futura bold? » sur la porte d’entrée. Le lieu ressemble à ce qu’elle a imaginé, calme et intemporel. Ironiquement, le titre la renvoie aux titres des journaux de ces derniers mois. A l’intérieur du hall d’entrée étroit, cinq noms sont affichés : Schengen, Belval, Berchem, Kirchberg et Ingeldorf.
Elle se souvient d’une discussion avec son ami alors qu’ils faisaient le plein à la station de Berchem sur le chemin du retour depuis Bruxelles. Elle connaît le nom de Schengen des aéroports. Le nom de Kirchberg lui est également familier : la CECA, le groupe des Six, le Traité de Paris … Elle a appris tout ça à l’école.
Elle entre dans l’espace d’exposition : chacune des cinq pièces aux plafonds moulurés et parquets vernis met en valeur une structure blanche et délicate intégrant un arrangement de plantes aux allures de forêt. Au deuxième coup d’œil, elle reconnaît des petites maisons, des immeubles de bureaux et des fabriques confectionnés en plâtre blanc. La somme des typologies bâties, soigneusement agencées, dégage une impression à la fois hypnotique et sculpturale. Intriguée par cette abstraction, elle se met à imaginer la vie dans cette ville de « l’entre », dans cette « hyper-ville » dense et complexe qui lui apparaît étrangement familière…
Elle saisit le catalogue de l’exposition et commence à lire :
« Cela se passa dans la nuit du 23 juillet 1952 à Paris où, à trois heures du matin, après de longues discussions sur le Traité de Paris, on entendit la voix de Joseph Bech (ministre des Affaires Etrangères du Grand-Duché), qui semblait jusque-là somnoler: « Je propose que le travail commence aussitôt à Luxembourg, cela nous donnera le temps de réfléchir à la suite. » Tout le monde fut soulagé et c’est ainsi que la CECA eut son siège précaire dans cette petite ville qui est devenue un carrefour de l’Europe. »




